Comme chaque année, une cérémonie d’hommage a eu lieu le vendredi 17 juin au Panthéon, à 11 heures. Cette commémoration, co-organisée par l’Association nationale des Amis de Jean Moulin et par la Direction de la mémoire, de la culture et des archives (SGA/DMCA), s'est déroulée en présence de Mme Miralès, secrétaire d'État aux Anciens Combattants et à la Mméoire.
Samedi 27 mai 2023 à 10h30
Mémorial Jean Moulin
Journée nationale de la Résistance
Cette année 2023 est celle du 80ème anniversaire de la 1ère réunion du Conseil National de la Résistance
le 27 mai 1943, présidé par Jean Moulin,
Monsieur le sous-préfet, Messieurs les députés des Bouches-du-Rhône, Madame la député européenne, Monsieur le sénateur, Monsieur le vice-président du Conseil régional maire de Salon de Provence, Mesdames et Messieurs les maires et élus, Messieurs les représentants des autorités militaires, Mesdames et messieurs représentants de l’Académie d’Aix-Marseille et des établissements d’enseignement, Mesdames et Messieurs représentants des associations, Mesdames et Messieurs les autorités consulaires, Mesdames, Messieurs.
Il y a de cela 80 ans, le 27 mai 1943, Jean Moulin présidait la première réunion du Conseil national de la Résistance avec, autour de lui, les représentants des mouvements de Résistance, des partis politiques et des confédérations syndicales.
La France était alors totalement occupée et amputée de cinq de ses départements. Une partie de ses forces vives, prisonniers de guerre, était transformées en travailleurs forcés au profit de l’économie de guerre nazie. Le pays était mis en coupe réglée au profit des occupants. La répression et les persécutions remplissaient alors les trains de de la déportation, avec la collaboration active d’un gouvernement ouvertement antisémite.
Pourtant, au même moment, des femmes et des hommes refusaient l’occupation et la collaboration sous toutes leurs formes. Ils sont entrés en Résistance. .
En cette année 1943, la résistance des premières années de l’occupation, s’est étendue, s’est renforcée et a donné naissance à des groupes et des réseaux organisés, actifs, mais œuvrant parfois isolément. Cette réunion du 27 mai est une étape importante de leur histoire.
En effet, grâce au travail acharné de Jean Moulin et ses compagnons, ces mouvements qui n’étaient pas forcément préparés à travailler ensemble, se rassemblent autour du général De Gaulle.
Désormais les deux composantes de la France combattante, celle de l’extérieur et celle de l’intérieur, sont réunies sous une même direction. Au-delà de la reconnaissance du mouvement du général De Gaulle en tant qu’autorité des Résistances de France, c’est l’intégration de l’ensemble de ces mouvements dans le plan Allié de Libération qui vient de se faire.
Au même moment, en Afrique du Nord, en Angleterre, se reconstitue, avec l’appui des Alliés, l’outil militaire qui permettra à la France de prendre la place qui lui revient dans le combat pour sa Libération.
Rédigé aux heures sombres, le programme du Conseil National de la Résistance s’articule comprend deux étapes. La première met en place un « plan d’action immédiate » concernant l’action de terrain, telles le sabotage ou l’opposition à la déportation, mais aussi le rôle futur des forces de la Résistance au sein du plan militaire allié.
La seconde, intitulée « Mesures à appliquer dès la libération du territoire » planifie la reconstruction d’une société plus forte, mais aussi plus juste, dans une France libérée de ses oppresseurs et débarrassée de ses vieux démons.
Ce second volet sera d’abord le vecteur de l’identité politique de la Résistance avant de devenir celui de la transition démocratique.
Mais, cette seconde partie, prit une dimension nationale et symbolique avec sa publication, au lendemain de la Libération de Paris, sous le titre « Les jours heureux ». Il est, aujourd’hui encore, d’actualité.
En effet, dès la Libération, la mise en œuvre du programme du CNR, influe sur l’ensemble de la société française et permet de modeler une France plus fraternelle, plus démocratique et plus égalitaire. Elle permet aussi à la France libérée d’accéder à l’indépendance, de l’énergie et des transports, grâce à une vague de nationalisations sans précédent. De même elle est à l’origine de dispositions sociales telles que les congés payés, l’assurance chômage ou le droit de vote étendu aux femmes, dès 1944. Travaillant sur les bases de la démocratie et du pluralisme, le Conseil national de la Résistance y joint le principe de l’État-Providence.
Ainsi, sous cet éclairage, le choix de la date du 27 mai comme Journée Nationale de la Résistance a une résonnance toute particulière.
Quelques semaines après cette réunion historique, le 8 juillet 1943, Jean Moulin, arrêté par la gestapo, décédait des suites des tortures subies au cours de ses interrogatoires. Le 2 avril 1944, c’est Raymond Fassin qui sera arrêté à son tour, avec sa compagne, sur dénonciation. Il ne reviendra pas de déportation. De l’équipe de la mission Rex, parachutée en janvier 1942 sur la commune d’Aureille, seul son radio, Joseph Monjaret, survivra pour témoigner.
Témoigner et transmettre, c’est ce qui poussa Bernard Bermond, lui aussi résistant, à créer, avec le soutien des autorités politiques nationales du moment, celui de Laure Moulin, sœur de Jean Moulin et celui de la Ville de Salon de Provence, le mémorial devant lequel nous nous trouvons.
Rejetant d’emblée l’idée d’un monument intimiste, il a volontairement déconnecté le Mémorial du lieu d’atterrissage historique de la mission Rex, pour le placer le long d’un axe routier fréquenté, afin que le passant soit interpellé par l’œuvre forte de Marcel Courbier.
Initialement créé pour édifier ce Mémorial, le Comité régional du Mémorial Jean Moulin à aujourd’hui pour tâche de se souvenir, mais aussi de transmettre les valeurs humanistes, celles qui mettent l’homme, en tant que valeur, au centre de la réflexion.
Ce sont celles-là même qui, reposant sur le respect de l’autre et de soi-même, sur l’éducation et la culture, garantissent une pensée autonome et un esprit critique qui aidera à parvenir à discerner les valeurs profondes de notre société et ce que nous serions prêts à consentir pour les défendre.
C’est la voie que nous ont montrés Jean Moulin, Raymond Fassin, Joseph Monjaret. C’est aussi celle qu’a choisi Bernard, notre premier président. C’est aussi celle qu’ont choisi, quoi qu’il leur en coûte, celles et ceux, connus ou anonymes, qui ont combattu tant pour notre liberté que pour construire, ensemble, une société tournée vers les valeurs de l’humanisme universel.