Si vous souhaitez en apprendre beaucoup plus sur Jean Moulin que sur cette très courte biographie, nous vous invitons à consulter le site de sa famille www.jeanmoulin.fr sur lequel sont publiés de nombreux documents.
L’engagement politique et patriotique est en quelque sorte une tradition familiale. Alphonse Moulin, le grand père, milite contre l’Ordre Moral aux premières années de la Troisième République.
Antoine Moulin, le père, professeur au collège de Béziers, est membre du Parti Radical, premier président de la Ligue des Droits de l’Homme de Béziers, adjoint au Maire de Béziers, conseiller général de l’Hérault puis vice-président de cette assemblée. C’est aussi un grand lettré auquel s’intéressa beaucoup Alphonse Daudet qui le présenta à Frédéric Mistral et lui fit connaître les Goncourt. On lui doit un manifeste républicain sur Casimir Péret, Maire de Béziers qui fut déporté à l’île du Diable pour s’être opposé au coup d’état du 2 décembre 1851. On lui doit aussi « Le grand amour de Fouché », « Ernestine de Castellane », des poèmes et des pièces de théâtre.
Jean Moulin manifeste un don précoce pour le dessin, remarqué par la famille dès l'âge de 6 ans. Il publie ses premiers dessins humoristiques dans des revues parisiennes à l'âge de 16 ans.
Il renoncera à une carrière artistique à la demande de son père mais sans pour autant abandonner le dessin. Il expose pour la première fois au Salon de la Société Savoisienne des Beaux-arts en 1922 et prend alors le pseudonyme de « Romanin », nom d'un château féodal des Alpilles dont il connait bien les ruines, près de Saint-Andiol, en Provence, commune d'origine de la famille.
Il publie de plus en plus de dessins dans des revues comme Le Rire, Gringoire, Le Journal amusant ou Candide dont il fait plusieurs fois la couverture. Il rencontre le peintre Jean Saint-Paul qui lui fait découvrir la peinture. A Châteaulin, il rencontre des hommes d'exception comme Max Jacob, Augustin Tuset, Giovanni Leonardi, Lionel Floch et Saint-Pol-Roux et se passionne pour la littérature, en particulier la poésie de Tristan Corbière qu’il illustrera de gravures.
Il fréquente les milieux artistiques bohèmes de Montparnasse. Devenu préfet, il ne publiera plus, mais le dessin l’accompagnera jusqu’au bout, jusque dans la tragédie, puisque, comme l’a rappelé André Malraux dans son discours du Panthéon : « Le jour où, au Fort Montluc à Lyon, après l’avoir fait torturer, l’agent de la Gestapo lui tend de quoi écrire puisqu’il ne peut plus parler, Jean Moulin dessine la caricature de son bourreau. ».
Jean Moulin est né le 20 juin 1899 à Béziers. D’octobre 1917 à juillet 1921, il fait des études de droit à Montpellier et obtient sa licence. En parallèle, dès le 1er septembre 1917, il est attaché au cabinet du préfet de l'Hérault. Il sera nommé chef adjoint le 20 novembre 1920.
Il est mobilisé dans les Vosges du 15 avril 1918 au 1er novembre 1919. A l'issue de ses études, au début de l'année 1922, il devient chef de cabinet du préfet de la Savoie à Chambéry. En 1925, à l'âge de 26 ans, il est nommé sous-préfet à Albertville et est alors le plus jeune sous-préfet de France. En Savoie, il rencontre Pierre Cot qui deviendra un ami et aura une grande influence sur sa carrière.
En 1930 il est nommé sous-préfet à Châteaulin près de Quimper, où il côtoie un homme politique d'envergure nationale Charles Daniélou, et où il s'affirme comme un « politique » aguerri. Il est sous-chef du Cabinet du ministère des affaires étrangères en 1932, sous-préfet de Thonon puis chef de cabinet du ministère de l’Air en 1933, sous-préfet de Montargis puis secrétaire général de la préfecture de la Somme en 1934. Il est à nouveau chef du Cabinet du ministère de l’Air en 1936, poste où il participera activement au transfert d’avions au profit des républicains espagnols.
En 1937 il est préfet de l’Aveyron, plus jeune préfet de France. Après un intermède comme chef de Cabinet du ministère du Commerce, il revient en Aveyron en 1938. Il est préfet d’Eure-et-Loir en 1939. C’est là, le 17 juin 1940, au moment de l’invasion allemande, qu’il accomplira son premier geste héroïque : torturé de longues heures, il refusera de signer un protocole infamant pour l’armée française. Il est révoqué par le gouvernement de Vichy le 2 novembre 1940.
En octobre 1941 il rejoint Londres et fait au Général de Gaulle un compte-rendu précis de l’état des mouvements de résistance en zone sud. Il est parachuté le 2 janvier 1942 dans les Alpilles avec mission de rassembler ces mouvements. En janvier 1943, les MUR - Mouvements Unis de Résistance - rassemblant Combat, Franc-tireur et Libération sont constitués. Du 14 février au 20 mars 1943, il repart pour Londres d’où il revient avec une mission maintenant étendue à l’ensemble du territoire. Le 27 mai 1943 il réunit à Paris le CNR - Conseil National de la Résistance - qui rassemble huit mouvements, six partis politiques et deux syndicats.
Moins d’un mois après, le 21 juin, il est arrêté à Caluire par la Gestapo. Identifié, interrogé, torturé, il meurt probablement dans le train qui l’emmène en Allemagne. Le 19 décembre 1964, ses cendres présumées sont transférées au Panthéon.