Commémoration du premier Conseil National de la Résistance, présidé par Jean Moulin le 27 mai 1943
sous le Haut Patronage de Hubert Falco,
secrétaire d'Etat à la Défense et aux Anciens combatants.
Apéritif d'honneur offert par la Municipalité
Pour ce 67ème anniversaire de la première réunion, clandestine et présidée par Jean Moulin, du Conseil national de la Résistance - anniversaire placé sous le haut-patronage de M. le Secrétaire d’Etat à la Défense et aux Anciens combattants, nous voulons tout particulièrement remercier de leur présence au pied de ce Mémorial plus que quarantenaire :
Et j’en termine en vous indiquant que, ce matin, c’est André Paya, notre trésorier, qui a accepté d’assurer la conduite protocolaire de cette cérémonie. Merci André.
Nous voici en ce lieu devenu non seulement historique, mais encore témoignage emblématique, par son envergure vers le monde, en hommage à l’homme que vous savez, le Préfet Jean Moulin - le seul en qui le général de Gaulle, depuis Londres, savait pouvoir placer sa confiance, pour la mission hautement décisive, celle de réunir en pleine occupation ennemie les principaux responsables clandestins de la Résistance, et enfin d’aboutir à une charte, à un engagement de front commun, pour la Libération du pays. C’est cela qui s’est accompli le 27 mai 1943 à Paris, et cette date s’inscrit désormais dans une commémoration annuelle…
Mes Amis, c’est par cela que je devais d’abord, devant vous, commencer, afin d’affirmer la signification de ce symbole primordial, voué à la prospérité.
Ceci étant dit, il y a tout de même, en ce jour, au fond de ma pensée, un autre sentiment: aujourd’hui, voilà une deuxième année qui nous trouve privés, voire orphelins, de celui qui fut l’âme, la tête pensante de ce monument, mon Compagnon et « Frère d’armes », le Président Bernard Bermond, et sans doute avez-vous, en vous, ce même sentiment.
Avec Bernard Bermond, nous étions, lui, avec moi, les liquidateurs des Réseaux de la France Combattante, en particulier du Réseau F.Y.R. de l’O.S.S., au point d’avoir créé avec d’autres l’Association des Anciens des Réseaux. C’est au sein de cette très cordiale amicale que l’idée de rendre hommage à Jean Moulin a germé. Ce fut Marcel Galdin qui sut nous convaincre tous, et le Président Bernard Bermond, fort de cette cohésion, a su trouver, grâce à son autorité morale, les contacts préliminaires indispensables.
Alors comment ne pas dire, en ce lieu, que seul demeure en nous le souvenir, celui de son charisme, de cette volonté, chez lui indomptable, comme viscérale, et de son attachement à ce symbole de la pérennité vers la suite des temps..? Celui, également, de sa personnalité, de sa force morale auprès de nous tous, autant de qualités qui auront permis, dans ces années difficiles de l’époque - et cela comme un sursaut - de nous mobiliser autour de lui pour, enfin, réussir ce monument, en témoignage de ce que notre France Libre doit à Jean Moulin. Bernard était un homme hors du commun, rassembleur de bonnes volontés, guidé par le seul souci d’avancer, et d’aboutir.
Dans cette « aventure », disons, aussi intrépide que marquée par la foi d’une profonde volonté de voir concrétiser l’hommage à Jean Moulin, nous étions, au départ, une cohorte autour d’une vingtaine d’anciens Résistants, auxquels s’étaient joint des volontaires plus spécialisés, tant sur le plan juridique que sur celui de la gestion.
J’étais déjà de cette équipe, dès les prémices mêmes de notre engagement, et cela nécessitait une grande mobilité et une volonté de servir quasi quotidienne, tant au sein des FFC, à Marseille, qu’ici à Salon-de-Provence où, durant plusieurs semaines, nous fumes en réunion, en mairie, avec la présence du directeur de cabinet de Monsieur le Préfet.
Tant de noms de ces fidèles compagnons sont encore dans mon esprit, et ma mémoire se souvient de ce que furent les premières approches, puis les difficultés à surmonter. Aujourd’hui, j’ose confier, qu’avec l’âge, cela reste pour moi un privilège… quelque peu attristé. Les documents de ce passé existent car, voilà quelques années, j’ai remis au Président Bermond, au cours d’une réunion à Salon, tout un dossier d’archives, et cela en complément de ce qui existait.
Ce qu’il faut savoir également, c’est que Bernard avait pensé à ces lendemains, hors de notre équipe ou de ce qu’il en restait. Il a su puiser dans la génération suivante et retenir pour ce futur, à venir, notre ami François-René Cristiani-Fassin, dorénavant président du Comité régional du Mémorial, que je me dois de complimenter pour tout ce qu’il a déjà entrepris dans cette charge aussi prestigieuse que lourde.
Donc, toute cette motivation des uns et des autres nous ramène à ce monument, œuvre du sculpteur Courbier, sur ce site, non loin du point de parachutage de Jean Moulin, et là, je pense à sa sœur Laure Moulin, qui nous a, dès le début, beaucoup « assistés ». Nous avions voulu que la silhouette, venant du ciel, vienne se poser sur ces pierres brutes, symboles du chaos d’alors.
Que souligner encore ? Que l’œuvre de Jean Moulin, le Conseil National de la Résistance, a permis une totale convergence de tous les réseaux et mouvements de la Résistance. Tout cela a fortement contribué à l’écrasement du nazisme, comme en a témoigné le général Eisenhower. Il faut aussi citer le témoignage de Daniel Cordier qui, vous le savez, fut dans la clandestinité un tout proche de Jean Moulin car, pour l’Histoire, il est celui qui était dans la rue Dufour, à Paris, le 27 mai 1943, chargé d’assurer la sécurité de la réunion du C.N.R.
Que souligner enfin, sinon que Jean Moulin, c’est toute une épopée dans l’Histoire de notre pays et du rétablissement de la République ?
Alors, en conclusion, permettez cette réflexion, en ces années de début du troisième millénaire: je crois qu’il nous appartient, à nous les ainés, les Anciens, non seulement de sauvegarder la mémoire de tous les millions d’hommes et de femmes victimes de la barbarie nazie, mais encore de veiller au rejet de toute tentative d’idéologie, ou de dictature, de réminiscence nazie, et cela tant au sein de nos pays d’Europe (comme en Hongrie ces temps-ci) que dans le reste du monde.
C’est cela, mes amis, la grande leçon de morale universelle, de ce que devrait être le sens véridique que nous croyons attribuer à cette notion de Liberté, pourtant bien inscrite dans nos manuels des Droits de l’Homme.
Je vous remercie de votre patiente attention.
Jules SÉBASTIANELLI, président d’honneur du Comité régional du Mémorial Jean-Moulin
lu par le colonel Jean-Paul MARCADET, président de l’A.N.A.C.R. 13
Je suis désolé de ne pouvoir être présent ce 27 mai à Salon.
Mon regret est d’autant plus grand que j’aurais souhaité être au milieu de celles et ceux qui vont rendre hommage à la mémoire de Jean MOULIN, mais aussi à celle de ses deux compagnons de parachutage que furent Raymond FASSIN et Hervé MONJARET, sans oublier naturellement notre cher Bernard BERMOND dont nous savons le rôle qu’il a joué comme président du Comité régional du Mémorial et pour faire connaître le grand œuvre de Jean MOULIN que fut la création du Conseil National de la Résistance.
Il y a en effet, aujourd’hui, presque 70 ans que Jean MOULIN réunissait à Paris les représentants des forces de la Résistance qui se plaçaient résolument derrière le général de GAULLE, apportant à ce dernier la légitimité que lui disputaient les alliés américains.
Le 27 mai 1943, la France Combattante se substituait à la France Libre et prenait ainsi sa place de grande puissance indépendante et souveraine auprès de ses alliés, ainsi que l’avait souhaité le général de GAULLE dans son appel historique du 18 juin 1940, appel historique dont nous célébrerons le mois prochain le 70ème anniversaire.
Les 18 juin 1940 et 27 mai 1943 sont pour moi les deux grands moments marquants de la lutte du peuple français pour sa libération et la restauration des libertés collectives et individuelles qui fondent la République et qui avaient été saccagées par l’idéologie destructrice du nazisme et de ses complices de Vichy.
Je ne doute pas que ce 27 mai à Salon sera une fois de plus un grand moment d’émotion et de souvenir partagé.
Avec mes sentiments cordiaux.
Robert CHAMBEIRON, président délégué de l’A.N.A.C.R.
lu par le colonel Joseph LEBHAR, Président du CAR des Bouches-du-Rhône.
Le 2 mars 2001, notre regretté Bernard BERMOND, président du Comité régional du Mémorial Jean-Moulin, me faisait nommer Président d’honneur.
Vous savez mon attachement, mon désir d’être présent ce 27 mai parmi vous au pied du Mémorial, et plus encore en cette année du 70ème anniversaire de l’Appel historique du général de Gaulle, le 18 juin 1940.
Cette commémoration de l’anniversaire du premier Conseil national de la Résistance à la mémoire de Jean Moulin doit nous rappeler notre devoir de vigilance permanente et préventive, et les idéaux pour lesquels nous avons combattu :
Sans vouloir tomber dans un pessimisme obsessionnel, nous ne pouvons ignorer les révisionnistes, les négationnistes, les falsificateurs de l’Histoire, les théoriciens de la xénophobie – certaines atrocités de par le monde évoquant singulièrement le comportement et les agissements nazis, comme peuvent le faire craindre certaines réunions internationales parfois officielles ou les résultats de consultations électorales récentes.
« La Liberté, ce bien qui fait jouir de tous les autres biens », comme l’écrivait Montesquieu… la Liberté peut être fragile.
Il nous appartient d’être toujours vigilants.
Pierre MOREL, président du Comité d’Action de la Résistance
Cette année marque le 70ème anniversaire de l’Appel du général de Gaulle – on vient de l’entendre. Ce texte n’a rien perdu de sa force inouïe et il n’est pas douteux que, sans attendre le 18 juin prochain, Bernard Bermond aurait souhaité qu’il soit aujourd’hui célébré, au pied même du monument dédié à Jean Moulin et à ses compagnons.
Car l’Histoire a voulu que Jean Moulin, grand serviteur de la République puis de la France libre, s’opposat dès le 17 juin 1940, en sa préfecture de Chartres, aux envahisseurs nazis qui voulait lui faire signer de force une proclamation inique. Et qu’il s’y oppose jusqu’à mettre sa vie en péril, plutôt que de céder au déshonneur. Et c’est la fameuse lettre à sa mère et à sa sœur Laure, dans laquelle il écrit cette phrase que je ne me lasse pas de citer: « Je ne savais pas que c’était si simple de faire son devoir quand on est en danger ».
La leçon a été entendue et retenue par tous les anciens résistants qui ont voulu qu’ici, dans le pays de Jean Moulin, fut édifié ce monument-mémorial - à une dizaine de kilomètres environ de l’endroit où, dans la pleine lune du 2 janvier 1942, Jean Moulin fut parachuté par un avion de la Royal Air Force, avec ses deux adjoints en résistance et clandestinité, Raymond Fassin et Hervé Monjaret. Un an et demi après la mi-juin 40 commençait la grande œuvre de de Gaulle et Moulin : l’unification des mouvements de résistance, aboutissant à cette fameuse 1ère réunion du Conseil National de la Résistance, le 27 mai 1943, dans Paris occupé.
Au bout, on le sait, il y eut la Victoire et le 8 mai 1945, il y a soixante-cinq ans tout juste. Mais Jean Moulin n’en verra rien, non plus que Raymond Fassin ni Hervé Monjaret, tous deux dénoncés et envoyés dans les camps de concentration nazis. Le premier n’en reviendra pas, le second si, puisqu’il sera ensuite de ceux qui vinrent souvent, ici même, célébrer la mémoire de Moulin et du CNR. Après son arrestation à Caluire le 21 juin 1943, Moulin, l’unificateur de la Résistance, était certainement lui aussi promis aux camps de la mort.
C’est pourquoi aujourd’hui, en ce 27 mai, nous avons aussi souhaité rappeler que 2010 est l’année du 65ème anniversaire de la Libération des camps de concentration et d’extermination nazis. Certains, qui sont ici ce matin, l’ont vécu dans leur chair. Hommage leur soit rendu, ainsi qu’à tous leurs camarades disparus dans l’horreur concentrationnaire. Et à Jean Moulin, massacré par Klaus Barbie, martyr et héros, homme-orchestre du Conseil national de la Résistance et de son programme… qu’ici en Provence, nous n’oublierons jamais ! [Rendez-vous est pris pour le 27 mai 2011 !]
François-René Cristiani-Fassin,
président du Comité Régional du Mémorial Jean-Moulin
Daniel Cordier nous a fait l'honneur de sa présence à Marseille le mercredi 24 novembre après-midi, aux Archives départementales Gaston-Defferre - à l'invitation du Comité régional du Mémorial Jean-Moulin, des Archives départementales Gaston-Defferre et des délégations départementales des Bouches-du-Rhône, du Var, du Vaucluse et des Alpes-de Haute-Provence de Mémoire et Espoirs de la Résistance, association fille de la Fondation de la Résistance.
Devant un public attentif et notamment de nombreux élèves, Daniel Cordier, qui fut le secrétaire de Jean Moulin, a répondu aux questions de François-René Cristiani-Fassin et de la salle - sur son ouvrage, sur Jean Moulin, sur le Conseil national de la Résistance, enfin sur la répression de la Résistance du fait des nazis et des autorités vichystes, thème du Concours de la Résistance de 2011.
A suivi une longue séance de signature de son dernier ouvrage "Alias Caracalla" (Gallimard - 2009).