Mémorial Jean Moulin
Salon-de-Provence
Ses compagnons

Nous n'évoquons ici que quelques compagnons de Jean Moulin
dans quelques articles que l'on nous a autorisés à publier.

Vous trouverez d'autres témoignages dans notre rubrique Hommages ou dans nos Dossiers.


Paul SCHMIDT, dit « KIM », 1917-1983, officier d’opérations de Jean MOULIN.

Par son fils Dominique SCHMIDT


Paul SCHMIDT en 1950


Paul SCHMIDT est né le 22 septembre 1917 à Bayon, en Meurthe-et-Moselle. A la fin de ses études secondaires, en octobre 1937, il s’engage volontairement dans l’armée, à Metz, par devancement d'appel - la majorité était alors fixée à 21 ans. Affecté au 6ème BCA (Bataillon de chasseurs alpins), il suit à Gap le peloton d’élèves sous-officiers de réserve. Il est nommé sergent en mars 1938, puis sergent-chef en avril 1940.

À la création de la Brigade de haute montagne, son régiment est ramené à Saint-Martin-de-Bavel, au nord de Belley, dans l’Ain. Il y côtoie Yvon MORANDAT, Jean LABAUME, Jean HOLLEY, Marcel MUZELLE… Avec eux, il embarque pour la Norvège, où il sert sous les ordres du lieutenant André LALANDE. Le 1er juin 1940, il est cité à l’ordre de la division.

De retour de Norvège, il participe à l’épisode du « réduit breton » puis, toujours avec le 6ème BCA, est ramené en Angleterre à bord du ferry Twickenham. Le 18 juin 1940, le régiment cantonne au camp de Trentham Park.

Il est l’un des trente-quatre militaires du 6ème BCA qui, décidant de rester en Grande-Bretagne, seront accusés de « désertion à l’étranger en temps de guerre et trahison », crime passible à l’époque de la peine de mort.

À Londres, après avoir été soigné pour de graves engelures, il s'engage le 1er juillet 1940 dans les Forces Françaises Libres (numéro 622). Affecté au Bataillon de chasseurs de Camberley comme sergent-chef faisant fonction d'adjudant de compagnie, il se porte volontaire pour effectuer des missions en France. Quelques mois plus tard, il est appelé à Londres par Raymond LAGIER (« Bienvenue »), et affecté à l’infanterie de l’air sous les ordres du lieutenant VIGNES.

Il suit des stages et formations de parachutisme, de vol en « Lysander », de « S-Phone », de sabotage, d’organisateur d’opérations de parachutages, et se lie alors d’amitié avec Jean AYRAL (« PAL »), Fred SCAMARONI, Michel PICHARD (« PIC »), Pierre DESHAYES (« ROD »), Raymond FASSIN (« SIF » - voir sa fiche), Bruno LARAT (« LUC » ), Jean LONCLE (« NESTOR »), Daniel CORDIER (« BIP W » - voir sa fiche), etc., tous désormais membres, comme lui, du « BCRA », Bureau central de renseignement et d’action – les services secrets de la France libre.

Finalement, après une longue attente durant laquelle il rencontrera, sans savoir qui il est, Jean MOULIN, il est parachuté le 3 juin 1942, près de Montlucon, en qualité d'officier de liaison - sous le pseudo de « CRAB MAJOR ». Deux opérateurs radio l’accompagnent : Gérard BRAULT (« CRAB MINOR »), et Jean HOLLEY (« LEO W »). Ils sont réceptionnés par une équipe dirigée par Yvon MORANDAT (« LEO »).

Sa mission : sous les ordres de Jean MOULIN (« MAX »), organiser des parachutages au profit des formations paramilitaires du mouvement "Libération", instruire ces mêmes équipes et contribuer à des sabotages.

Avec un petit groupe, s’étoffant peu à peu et constitué d’Anne-Marie BAUER, Françoise FOËX, Marguerite LOZIER, Marcelle HUGONIER, Marcel MUZELLE, Claudius FOUR et, bien entendu, Gérard BRAULT, il se met à la recherche de terrains.

Il est alors âgé d’à peine 25 ans. En novembre 1942, à la création du COPA (Centre d’Opérations de Parachutages et d’Atterrissages), il se voit confier par "MAX" (Jean MOULIN), sous la responsabilité de Raymond FASSIN (« SIF »), la charge des opérations aériennes dans les régions « R5 » (Limoges) et « R6 » (Clermont-Ferrand), et prend le pseudo de « KIM » Il a alors des contacts fréquents avec Raymond FASSIN, Hervé MONJARET (« FRIT » - voir sa fiche) et Daniel CORDIER (« BIP W »). En février 1943, il est cité à l’ordre des Forces Françaises Libres.

Le 15 mars 1943, KIM est envoyé à Paris pour épauler « PAL » (Jean AYRAL), à qui il succède en mai comme chef national du BOA (Bureau des Opérations Aériennes). Il est alors chargé de l'organisation de l’ensemble des parachutages en zone Nord mais il garde aussi la responsabilité des blocs Centre et Ouest (R5 et R6, soit 27 départements) qu’il doit parcourir pour recruter et mettre en place des « comités de réception ». Il recrute, comme agents « P2 », Annie ROSPABE, Anne-Marie ROHR, Maurice LEMOINE, Jean-Paul JOURDAIN, Marc DESNOYERS de BIEVILLE, Robert MARCHAND, Alfred LAMBERT, André GAGNON, Marianne VERGER, Hélène PODLIASKI, Jean SESTILLANGE, Alfred BERNARD, Georges REYBEL et Paule BERNARD.

Dans la nuit du 12 au 13 septembre 1943, il regagne Londres par une opération aérienne (de trois appareils LYSANDER) à partir du terrain "Gide" à Rivarennes (Indre-et-Loire) avec son épouse Françoise, qui est aussi sa « secrétaire » dans la Résistance. Il est affecté au service « opérations » du BCRA, puis à l’EMFFI (état-major des FFI).

En octobre 1944, Paul Schmidt est à nouveau déposé en France pour s’occuper de la liquidation des réseaux, à la Direction Générale des Etudes et Recherches (DGER). Il est promu au grade de capitaine en juin 1945 puis démobilisé, à sa demande, en février 1946.

De retour à la vie civile, Paul SCHMIDT exercera des fonctions de conseiller de gestion tout en restant un officier de réserve actif jusqu’en 1979, avant de se retirer à Penvenan, dans les Côtes d’Armor.

Décédé le 30 juillet 1983, il est inhumé dans le cimetière voisin de Port-Blanc.

  • Officier de la Légion d'Honneur
  • Compagnon de la Libération
  • Croix de guerre 39/45 (quatre citations)
  • Médaille de la Résistance avec rosette
  • Officer of the British Empire
  • Croix de Guerre norvégienne
  • Chevalier de l'Ordre de Saint-Olaf (Norvège)
  • Officier de l'Ordre de Léopold (Belgique)
  • Croix de guerre belge.